Depuis le début de l’année 2020, le virus du Covid-19 sévit dans le monde. Aucun pays n’est épargné et toute la communauté scientifique s’évertue à trouver un vaccin et à étudier ce virus qui jusqu’ici, nous était inconnu. Récemment, les données statistiques ont relevé que les fumeurs paraissaient moins touchés par le virus que les non-fumeurs. S’en suit alors cette question : la nicotine pourrait-elle agir comme une protection contre le virus ? Si oui comment ? Nous faisons aujourd'hui le point avec vous sur les dernières études disponibles et sur la situation.
Sommaire :
- La situation actuelle en France et dans le monde
- La nicotine serait-elle la solution ?
- Le tabac et la nicotine
- Pourquoi la vente des substituts nicotiniques est-elle limitée ?
- Qu'en est-il de la cigarette électronique ?
La situation actuelle en France et dans le monde
Si les effets du confinement ainsi que les différentes mesures prises par le gouvernement commencent à porter leurs fruits, le virus continue pourtant de circuler à travers le monde. Déclaré en Chine en début d’année, il a rapidement touché l’Europe et notamment l’Italie qui reste à ce jour le pays le plus touché avec les États-Unis.
En France, toutes les régions sont touchées, en particulier l'Île de France et la région Grand Est, mais on commence tout de même à enregistrer un ralentissement de l’épidémie. Dans cette optique, la France pourrait commencer à amorcer un plan de déconfinement si la situation continue de s’améliorer.
La nicotine serait-elle la solution ?
C’est en tout cas ce que suggère plusieurs médecins dont le neurobiologiste et membre de l’Académie des Sciences Jean-Pierre Changeux ainsi que le spécialiste en médecine interne Zahir Amoura.
Les dernières statistiques soulignent que les fumeurs sont moins touchés par le Covid-19. De plus, une étude menée à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris révèle que sur 482 cas, on trouve seulement 5% de fumeurs quotidiens. Ce fait est également visible à grande échelle et la question est alors légitime : La nicotine aurait-elle un rôle de protection ?
Il faut tout d’abord savoir que tous ces dires ne sont que des hypothèses. Les données scientifiques manquent encore afin de démontrer la véracité ou non de ces suggestions.
En février dernier déjà, des études chinoises rapportaient que les fumeurs semblaient moins touchés par le virus. Cette piste est alors confirmée par une étude publiée dans le New England Journal of Medecine et portant sur 1099 patients. Dans les deux cas, le nombre de fumeurs était moins important que sur l’ensemble de la population.
Selon l’hypothèse du professeur Jean-Pierre Changeux, la nicotine viendrait se fixer sur le récepteur cellulaire utilisé par le coronavirus et l’empêcherait ainsi de s’y fixer. Ne pouvant se fixer, le virus ne pourrait donc pas se propager dans l’organisme. De plus, ce récepteur (récepteur nicotinique de l’acétylcholine plus précisément) pourrait même expliquer les nombreux symptômes recensés comme la perte de l’odorat, les troubles neurologiques voire les problèmes respiratoires dans les cas les plus graves.
Bien entendu, ces pistes doivent être explorées plus en profondeur afin de vérifier si le récepteur nicotinique interagit bien avec le Covid-19. Le spécialiste en médecine interne Zahir Amoura précise d’ailleurs que les essais cliniques se feront sur trois catégories de personnes en leur administrant des substituts nicotiniques de différents dosages : à des soignants en préventif, à des patients hospitalisés en thérapeutique et enfin à des patients en réanimation.
Si l’hypothèse se confirme, cela pourrait permettent une avancée considérable dans la connaissance de ce virus et permettra d’ouvrir de nouvelles pistes de traitements potentiels.
Le tabac et la nicotine
Si la nicotine peut constituer une piste sérieuse dans la lutte contre le coronavirus, il est important de rappeler que le tabac reste nocif. William Lowenstein, spécialiste en médecine interne et addictologue, rappelle que le tabac tue plus de 75 000 personnes par an. Ces hypothèses ne doivent donc en aucun cas inciter la population à fumer ou à reprendre la cigarette.
Contenue dans le tabac, la nicotine est souvent vue comme nocive elle aussi. Si elle est certes responsable de la dépendance, elle n’est pourtant pas toxique. Les substituts nicotiniques, tout comme les e-liquides pour cigarette électronique contiennent de la nicotine. Elle fait donc partie de la solution de sevrage en permettant d’éviter tous les symptômes de manque. Si la piste se confirme, il sera alors impératif d’éviter les effets addictifs de la nicotine afin de l’utiliser comme traitement.
Vous êtes décidé à stopper le tabac ? Consultez notre guide sur le sevrage tabagique et la vape pour arrêter de fumer.
Pourquoi la vente des substituts nicotiniques est-elle limitée ?
La vente de substituts nicotiniques comme les gommes, pastilles et les patchs est limitée depuis le vendredi 24 avril par un arrêté publié dans le Journal Officiel. Les traitements sont désormais limités à un mois et ce, jusqu’au 11 mai prochain. Seules les pharmacies peuvent vendre ce type de produits et la vente en ligne est suspendue pour le moment.
Le but de cette mesure est de permettre un approvisionnement suffisant pour les personnes nécessitant ces traitements de sevrage tabagique. Elle vise également à éviter que les Français ne se ruent sur les substituts nicotiniques suite à l’annonce d’un éventuel effet protecteur de la nicotine contre le coronavirus. De plus, elle permet de prévenir les risques sanitaires découlant d’une prise excessive de substituts ou d’un mésusage. Le Ministre de la Santé, Olivier Varan, a donc appelé les Français à ne pas faire de provisions de patchs et de gommes soulignant que si la nicotine est une piste intéressante, des essais en laboratoire doivent être effectués afin d’éviter les effets addictifs.
De même, Jérôme Salomon, Directeur Général de la Santé rappelle qu'à ce jour il est totalement impossible de recommander la prise de nicotine et qu'il est strictement déconseillé de se tourner ou de reprendre la cigarette combustible.
Qu’en est-il de la cigarette électronique ?
Les e-liquides peuvent parfois contenir de la nicotine afin d’éviter le manque dû au sevrage tabagique. Mais à ce jour, la cigarette électronique n’est pas considérée comme un substitut nicotinique. La limitation ne s’applique donc pas à la vape et les vapoteurs pourront se rassurer, aucun problème d’approvisionnement n’est à prévoir ! Pour nos lecteurs qui souhaiteraient en savoir plus sur la cigarette électronique et les substituts nicotiniques, vous pouvez lire : La cigarette électronique est-elle aussi efficace qu'un substitut nicotinique classique ?
Bien entendu, les mêmes avertissements que pour le tabac s’appliquent. Si vous vapez sans nicotine ou que vous ne vapez pas du tout, ne commencez pas. La cigarette électronique est une méthode pour sortir du tabagisme mais le mieux reste de ne rien inhaler du tout. Les vapoteurs doivent donc rester dans une logique de sevrage et il est déconseillé d'augmenter sa consommation ou son taux de nicotine suite à l'annonce de ces hypothèses. Si la nicotine reste peu dangereuse pour la santé, elle est cependant très addictive et ne doit être utilisée que dans le cas du sevrage et par des personnes ayant déjà été en contact avec cette substance.
Quoi qu’il en soit, les premiers essais cliniques permettront d’apporter de nombreuses réponses à l’hypothèse émise par les chercheurs. Et s’il s’avère que la nicotine permet de protéger du coronavirus, la recherche et la lutte contre l’épidémie pourrait faire un véritable bond en avant !